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CAFÉ ÉCOLO
Pour ou contre les transports collectifs gratuits ?

Signal fort pour modifier les habitudes de déplacement de millions de personnes ou décision inconséquente et ruineuse ? La gratuité des transports collectifs est un sujet passionnant, et souvent passionné, tant la réflexion montre qu’elle est tout sauf superficielle, petit fil de la pelote que l’on déroule entièrement en tirant dessus : réchauffement climatique, fin du pétrole bon marché, pollutions et santé, urbanisation, priorités budgétaires, lutte contre la précarité et la marginalisation...


-  Avec Jean-Pierre Girault, conseiller régional, président de la commission « transports et déplacements» du Conseil régional, et François Delcombre, auteur de la motion présentée à l’Assemblée générale des Verts en 2004 : « Pour la gratuité des transports collectifs urbains ».

-  Café écolo animée par Anne-Marie Heugas, conseillère municipale de Montreuil.

Une vingtaine de participants

François Delcombre, conseiller municipal de Soizy-sous-Montmorency (Val-d’Oise) se rappelle que, lorsqu’il a adhéré aux Verts, il y a six ans, il pensait que, naturellement, la proposition des transports collectifs urbains gratuits étaient une de celles du parti. Il précise qu’il parle bien de transports urbains, à l’échelle d’une agglomération, pas du TGV gratuit... Et que gratuit n’est pas un terme exact car, bien sûr, cela a un coup qui doit être payé par l’impôt. Une telle décision aurait une dimension symbolique politique forte, par laquelle on ne résout pas tout mais on marque des priorités. Et de rappeler la décision d’instituer l’école élémentaire gratuite à la fin du XIXème siècle, ou l’accès aux services publics de santé à la fin de la seconde guerre mondiale. Les avantages sont : encouragement à la fréquentation des transports collectifs (TC), et donc moins de voitures sur les rues et les routes de l’agglomération . Mais aussi un accès amélioré, avec la disparition des tourniquets par exemple : sauter un tourniquet est souvent le premier ou l’un des tout premiers actes hors-la-loi des adolescents, et la manière de les aborder et de les réprimer un des premiers maillons de la chaîne de la délinquance. Il faut supprimer ces occasions de violence. Plus largement, les nouveaux systèmes de paiements, notamment le système Navigo, est un nouvel outil de contrôle de la société : on sait où vous étiez, à quelle heure, où vous alliez, etc. La prise en charge doit se faire par l’impôt, au sens large : un participant souligne l’aberration de la suppression de la vignette, un autre ajoute les économies à réaliser par la suppression des tourniquets, des bornes de paiements, des tickets...

Jean-Pierre Girault ne soutient pas le même raisonnement.

Pour lui, la priorité est d’abord à l’augmentation des moyens de transports, tant en quantité qu’en qualité. Les TC en Ile-de-France ne sont pas bons et pas suffisants. La droite, longtemps au pouvoir à Paris, à l’échelon régional et depuis quelques années à l’échelon national, considère que les TC, c’est pour les pauvres. Les transports collectifs en Ile-de-France, c’est un budget de 7,5 milliards d’euros, dont 2,5 milliards proviennent des usagers. Si les transports deviennent gratuits, non seulement il faudra trouver 2,5 milliards de plus chaque année, mais les besoins supplémentaires sont colossaux. La priorité est de trouver beaucoup plus d’argent pour améliorer les services : fréquences, amplitudes horaires, fiabilité, sécurité, confort, nouvelles lignes... On est d’autant loin de répondre aux besoins que certaines hypothèses d’avenir s’annoncent difficiles à gérer : si le prix de l’essence passe au dessus de deux euros le litre, voire atteint trois euros (ce n’est pas impossible), 20% des automobilistes quotidiens transiliens se reporteraient sur les TC :

comment fera-t-on pour répondre à l’explosion de la demande ? Un rapide calcul : 20% de 15 millions de déplacements en voiture quotidiennement en Ile-deFrance (moyenne), cela fait 3 millions de déplacements qui se reporteraient sur les TC, soit une augmentation de 50% par rapport aux 6 millions de déplacements quotidiens en TC dans la région aujourd’hui. Quand on demande aux usagers leurs priorités, leur réponse est " plus de TC ", plutôt que la gratuité. Ils veulent des transports publics plus abondants, plus fréquents, moins bruyants et sur des amplitudes horaires plus larges.

La gratuité, ce serait sans doute avec un budget moindre, un service moindre, pour les pauvres.

Ce n’est pas pour rien, selon Jean-Pierre Girault, que des villes comme Gap et Chateauroux, toutes deux dirigées par la droite, ont décidé que leurs TC seraient gratuits : ils étaient peu nombreux, avaient une faible fréquence, sur une faible amplitude, handicaps qu’ils ont conservé. Il aurait peut-être mieux valu investir les sommes correspondantes pour assurer un meilleur service, avec des tarifs adaptés... Quand la droite a proposé il y a quelques mois au conseil régional d’Ile-de-France que la carte orange ait désormais un tarif unique quelle que soit la zone d’habitat, la mesure a priori séduisante s’est facilement révélée démagogique : le tarif aurait été celui de Paris et de la proche couronne, et le résultat serait en gros d’un milliard et demi d’euros en moins dans le budget des TC d’Ile-de-France, ce qui pour la droite se traduit ici aussi par moins de personnel, moins de lignes, moins de trains et de bus. Au contraire, faire rouler les métros une heure de plus le vendredi et le samedi soir comme nous le souhaitons, ça coûte (personnel, énergie, maintenance...). On a décidé la gratuité pour les Rmistes à partir de septembre : pour 375000 personnes concernées, ça représente un coût de 85 millions d’euros. Ceci dit, quelques villes ou agglomérations de trouvent sur plusieurs zones, c’est le cas de Montreuil et tout les participants sont d’accord pour dire que cela est une aberration. Le conseil régional espère que d’ici la fin de la mandature (2010), tout Montreuil sera en zone 2 ! Tout comme il espère concrétiser le projet adopté de pouvoir utiliser un seul et même ticket de transport durant une heure et demi, quel que soit le mode de transport. Mais les deux intervenants et les autres participants sont d’accord pour reconnaître qu’il faut d’abord réduire les besoins: redéfinir l’urbanisation, les lieux de vie, afin de les rapprocher (travail, études, commerces, loisirs, habitations). Car les bus, ça consomme beaucoup d’essence et les métros et tramways, beaucoup d’électricité... C’est tout l’enjeu du Sdrif (schéma directeur régional de l’Ile-de-France), adopté la veille au conseil régional et dont les Verts, sous la coordination de Mireille Ferri, vice-présidente du conseil, ont été la cheville ouvrière. Priorité doit être donnée à ces rapprochements et aux modes de déplacements "doux": la marche pour la petite proximité, le vélo jusqu’à cinq kilomètres, mais il faut aussi développer d’autres alternatives au-delà, tels le covoiturage, l’autopartage, et se battre pour imposer les taxis collectifs, déjà utilisés dans de nombreux pays. On a aussi des idées très pragmatiques mais qui déroutent nos adversaires : par exemple, réserver une voie d’autoroute sur certaines portions afin de faire des liaisons rapides par bus - et au moindre coût - entre branches du réseau de TC de la région (le projet pour les JO de 2012 à Paris prévoyait ce type de réservation pour une voie du périphérique entre la Cité universitaire et Saint-Denis, pourquoi cela ne serait-il pas possible tout le temps sur d’autres voies ?).

Si tous ces arguments sont partagés, la gratuité n’est peut-être pas en contradiction ou en opposition

Si l’Etat veut - on est bien d’accord que la région seule ne peut pas mettre en place un service de qualité et gratuit - il peut. Chiffres contre chiffres, les comparaisons sont toujours simplistes : un Rafale, c’est aussi 95 millions d’euros et 3000 euros par heure de vol... Selon François Delcombre, on a pas à se laisser enfermer dans une logique gestionnaire : si les Verts ne sont pas imaginatifs et volontaires dans ce domaine, qui le sera ? Mais on est bien d’accord : il faut une compréhension écologique globale des transports et le transport qui coûte le moins est celui qu’on ne fait pas, d’où la nécessité de prioriser la reconquête de la proximité. En ce sens, la carte orange unique à 50 euros par mois, c’aurait aussi été une incitation à aller habiter de plus en plus loin... Par ailleurs des sources nouvelles de financement existent : une taxe sur les poids lourds circulant sur les autoroutes de la région (l’Union européenne l’autorise sur les autoroutes où il n’y a pas de péage mais l’Etat français la refuse sur son territoire), le retour de la vignette, une réforme de la fiscalité locale... Jean-Pierre Girault propose - et son idée semble avancer chez les dirigeants de la région, Jean-Paul Huchon en tête - un grand emprunt populaire pour les TC d’Ile-de-France : la population serait d’autant plus motivée qu’elle saurait et verrait là où elle placerait son épargne. Ce serait donner davantage de fierté collective au TC. Sur ce plan, il convient aussi de faire fasse à la démagogie de la droite. Quand elle hurle parce les Verts proposent d’augmenter sensiblement la part de la taxe foncière revenant à la Région (on avait même proposé 100% la première année et nous avons obtenu une augmentation annuelle de 23%, soit 500 millions d’euros annuels de plus pour les transports), la droite hurlait. Or elle venait de faire augmenter le prix de la carte orange de 3,5 %. Si on regarde derrière ces chiffres, on voit la manipulation : pour les usagers des zones 7 et 8, cette augmentation correspondait à l’équivalent d’une augmentation de 150% de leur taxe foncière !

Les café-écologistes ne se seront donc pas formellement prononcés sur la gratuité des transports. Les besoins sont bien réels et à échelle telle que la gratuité exigerait une forte révolution politique tout autant que culturelle. Si cette révolution n’apparaît pas impossible, les priorités exprimées par les usagers et les personnels et les rapports de force au sein des instances politiques conduisent à un affichage plus modeste mais à des évolutions porteuses à terme de vrais et profond changements dans la façon d’appréhender les transports collectifs en Ile-de-France.

Benoît Ducasse.

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